Matthieu Orphelin estime avoir « servi de fusible facile » pour l’équipe de campagne de Yannick Jadot
C’est une mise à l’écart qui fait grand bruit. Matthieu Orphelin, soutien et porte-parole de la campagne de Yannick Jadot, candidat d’Europe-Ecologie les Verts (EELV) à l’élection présidentielle, a réagi, lundi 29 novembre, dans un entretien donné à Ouest-France et sur le plateau de C à vous, après avoir été démis de ses fonctions samedi soir, en raison de ses liens passés avec Nicolas Hulot, accusé par six femmes d’agressions sexuelles et de viol.
Le député écologiste du Maine-et-Loire réaffirme ne jamais avoir couvert d’éventuels agissements répréhensibles de la part de l’ancien ministre de l’environnement : « Ce que j’ai vu, et que tout le monde a vu (…), c’est que c’était un dragueur, un dragueur lourd, avec une attirance pour les femmes ». « Bien sûr, je me pose aujourd’hui la question : y a-t-il des choses que tu aurais dû voir ou interpréter ? Je n’en ai pas trouvé pour l’instant », affirme-t-il dans les deux médias. « Je m’en veux de l’avoir cru », poursuit M. Orphelin dans Ouest-France, expliquant avoir interrogé Nicolas Hulot à deux reprises sur des accusations ou rumeurs le concernant.
Le député, élu sous l’étiquette La République en marche (LRM) avant de quitter la majorité en 2019, redit, en outre, son « soutien total » aux femmes qui ont témoigné contre les « attitudes violentes de Nicolas Hulot », dans « Envoyé spécial », jeudi 25 novembre, et sur BFM-TV vendredi. « Les seules victimes dans cette affaire, ce sont les femmes qui subissent des violences sexuelles et sexistes. Il faut en finir avec l’impunité », poursuit l’élu dans ses deux interviews.
Tensions par médias interposés
Quant aux divergences stratégiques avec Yannick Jadot, dont le député a fait part dans un communiqué publié samedi soir en réaction à sa mise à l’écart, M. Orphelin confirme à Ouest-France : « J’avais dit à Yannick Jadot que je partirais le 20 décembre au plus tard, pour cause de divergences. Les difficultés de la campagne, tout le monde les connaît… Quand Sandrine Rousseau dit dans L’Obs “qu’on s’emmerde” dans cette campagne… Mais je voulais, de mon côté, le faire en douceur. » Il estime avoir « sans doute servi de fusible facile », même « si ce n’est pas très grave », selon lui.
Dans la journée de lundi, le ton est monté d’un cran entre l’ancien porte-parole de la campagne de M. Jadot et sa famille politique. Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, a, en effet, affirmé sur le plateau de Public Sénat que l’existence d’un désaccord avec Matthieu Orphelin avant son éjection de la campagne était « totalement faux ».
Remonté par ces propos, le député Orphelin a répondu dans un tweet : « Bon, donc après soixante-douze heures à me faire salir par les uns et les autres, dont Julien Bayou ce matin sur Public Sénat, je vais m’exprimer aujourd’hui ». Julien Bayou est, finalement, revenu sur ses propos quelques heures après la réaction de M. Orphelin, sous forme de mea-culpa timide. « Après vérification, on m’informe que Matthieu Orphelin a bien fait état de désaccords ce mercredi au téléphone. Dont acte. Je continue de penser que ce n’était pas le moment d’en faire état dans ce communiqué », a-t-il écrit.
Suite à la séquence de ce matin, pour préciser mon propos: après vérification, on m’informe que Matthieu Orphelin a… https://t.co/BXTyLLImb4
« Il y avait plein d’autres solutions »
Yannick Jadot a justifié la mise à l’écart de son porte-parole au Monde, dimanche 28 novembre, en avançant : « A partir du moment où une enquête est en cours et où Matthieu Orphelin peut être interrogé au titre de sa relation personnelle avec M. Hulot, il ne peut plus porter la parole collective de la campagne ».
S’il dit « respecter leur décision », Matthieu Orphelin, interrogé sur France 5, affirme que « la manière de Yannick Jadot » et de son directeur de campagne de le mettre en retrait de la campagne, en le prévenant « une demi-heure avant que l’annonce soit publique », était toutefois « un peu inélégante ». « Je crois qu’il y avait plein d’autres solutions de poser ça », a-t-il continué d’avancer.
Au sujet du futur de la campagne de Yannick Jadot, à laquelle il ne prendra plus part, le député explique souhaiter la même chose que ce qu’il aurait signifié au candidat quelques jours plus tôt en interne : « Je lui conseille de beaucoup plus axer sa campagne sur la mobilisation générale, en particulier sur les jeunes et sur les solutions » à apporter face au dérèglement climatique.