Adèle Sorella veut faire annuler sa condamnation pour le meurtre de ses filles

La « théorie de la mafia » a été écartée et n’a pas été soumise au jury qui devait rendre un verdict pour Adèle Sorella, condamnée en 2019 pour le meurtre de ses deux fillettes, ont plaidé les avocats de la femme en Cour d’appel lundi. Ils tentent de soulever des erreurs dans les directives de la juge au jury, de façon à faire annuler le verdict de culpabilité de leur cliente.

La femme de Laval a été condamnée en 2019 et condamnée à la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans.

Même si les jurés n’offrent jamais le raisonnement derrière leur décision — n’ayant qu’à déclarer « coupable » ou « non coupable » — ce verdict signifiait notamment qu’ils rejetaient la défense de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux présentée par la femme de 56 ans.

Ses avocats avaient pourtant fait témoigner lors du procès des experts qui étaient d’avis qu’elle avait vraisemblablement vécu un épisode de dissociation le jour de la mort des petites filles. Mme Sorella, qui a témoigné pour sa défense, a répété au jury qu’elle n’avait presque pas de souvenirs du 31 mars 2009.

Ce jour-là, Amanda, âgée de neuf ans, et Sabrina, âgée de huit ans, avaient été retrouvées sans vie, allongées côte à côte dans leur salle de jeu au domicile familial de Laval.

Un élément particulier dans cette affaire est que la cause du décès des fillettes n’a jamais été déterminée.

La Couronne a plaidé que la cause la cause plus probable du décès est que les fillettes auraient été placées dans la chambre hyperbare installée dans la maison – pour soigner l’une des fillettes – et qu’elles ont manqué d’oxygène.

Cette « théorie de la chambre hyperbare » a été présentée au jury, mais pas la « théorie de la mafia » offerte par la défense, a plaidé lundi Me Ronald Prégent, l’un des avocats de Mme Sorella. Au procès, la défense avait fait valoir que le mari de Mme Sorella — et père de leurs enfants — était impliqué dans le crime organisé et qu’il est possible qu’une personne soit entrée dans la maison et s’en soit pris aux enfants pour atteindre leur père. Celui-ci, Giuseppe De Vito, était en cavale à ce moment et recherché par la police. Finalement arrêté en 2010, il a été retrouvé mort dans sa cellule trois ans plus tard, empoisonné au cyanure dans une prison à sécurité maximale.

Cette théorie aurait ouvert la porte à la possibilité que quelqu’un d’autre ait commis l’homicide, a poursuivi Me Prégent.

Il reproche ainsi à la juge Sophie Bourque de la Cour supérieure d’avoir « usurpé le rôle du jury » en écartant cette thèse et de l’avoir « empêché de considérer une autre possibilité ».

Cela justifie une ordonnance de nouveau procès, tranche le procureur.

Pour faire annuler sa condamnation, les avocats de Mme Sorella invoquent aussi devant la Cour d’appel que le rejet de la défense de non-responsabilité criminelle était déraisonnable.Selon les experts qui ont témoigné, il est impossible de simuler la « dissociation », a fait valoir Me Pierre Poupart, l’un des avocats de la femme, qui a assuré sa défense au procès.

Elle ne peut avoir planifié « cet extraordinaire scénario » sans laisser de traces, a-t-il plaidé. Car il aurait aussi fallu que la femme déplace les fillettes de la chambre hyperbare à leur salle de jeu, 14 marches plus bas, alors qu’elle présentait des limitations physiques. « Elle n’était pas en état de faire ça. »

De plus, il a rappelé qu’un expert entendu au procès a affirmé ne pas avoir trouvé de trace de fibres des vêtements des fillettes dans la chambre hyperbare.

Le verdict de meurtre au deuxième degré qui est tombé sur Adèle Sorella entraînait automatiquement une peine de prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans. Il ne restait ainsi à la juge Bourque qu’à déterminer la période de temps minimale que la mère allait passer derrière les barreaux.

La magistrate y était allée avec le minimum prescrit par la loi : 10 ans. Dans son jugement sur la peine, elle a longuement décrit les problèmes de santé mentale dont la femme souffrait. Elle y a fait ressortir qu’il s’agit là de l’un des éléments pertinents à considérer lors de la détermination de la peine, « et cela, même si la défense de non-responsabilité criminelle a été rejetée. »

Aujourd’hui, Adèle Sorella doit vivre avec un verdict qui dit qu’elle a tué ce qu’elle avait de plus précieux, ses deux filles, écrivait alors la juge.

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