Xavier Bertrand joue son avenir politique à quitte ou double

Il fait déjà nuit, ce vendredi 8 octobre, quand Xavier Bertrand réunit ses fidèles pour une réunion stratégique. Il n’a plus que quelques jours pour dire s’il participe ou non au congrès du parti Les Républicains (LR), alors qu’il répète depuis des mois qu’il ne se pliera à aucun processus de départage.

Sont notamment présents à cette réunion virtuelle ses principaux lieutenants à l’Assemblée nationale, les députés (LR) Julien Dive (Aisne), Bernard Deflesselles (Bouches-du-Rhône) et Damien Abad (Ain). Ce dernier a griffonné ses arguments sur un bout de papier. « Tu dois aller au congrès pour quatre raisons », commence-t-il, avant de développer : ne pas jouer le jeu de LR, c’est mettre le parti en « danger de mort » ; c’est aussi prendre le risque de « perdre des troupes et des financements » pour la campagne. Les autres sont d’accord. « Comment rassembler la droite si tu te lances en dissident face à celui qu’intronisera LR le 4 décembre ? répètent-ils. C’est intenable ! »

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Xavier Bertrand, qui ne voulait pas s’encombrer d’une primaire « source de divisions », hésite encore. Lui qui rêvait d’apparaître comme le candidat naturel de sa famille politique a beau expliquer sa démarche aux militants qu’il croise dans l’Orne au cours du week-end, il sent qu’il ne convainc pas. Et qu’il n’a plus vraiment le choix. Lundi soir, au « 20 heures » de TF1, le président des Hauts-de-France annonce, la voix blanche, qu’il se pliera finalement au vote des adhérents. « Je prends tous les risques, dit-il au Monde, advienne que pourra. »

A 56 ans il peut tout perdre, et il le sait. L’ancien assureur de Flavy-le-Martel (Aisne) – il a dirigé dix ans le cabinet de ses beaux-parents – a remis son destin entre les mains des 139 918 adhérents LR, qui voteront entre le 1er et le 4 décembre pour leur candidat.

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Un quitte ou double pour celui qui, depuis son adhésion au RPR à 16 ans, a gravi méthodiquement les échelons : élu adjoint au maire de Saint-Quentin (Aisne) à 30 ans, conseiller général à 33 ans, député de l’Aisne en 2002, à 37 ans, il est propulsé secrétaire d’Etat à l’Assurance-maladie deux ans plus tard, repéré par Alain Juppé et Claude Chirac, personne n’ayant vu venir ce « parfait inconnu » n’ayant fait ni Sciences Po ni l’ENA. « Il ressemble à M. Tout-le-Monde », note Cécilia Sarkozy à l’aube de la campagne présidentielle de 2007, quand Xavier Bertrand, qui a rompu brutalement avec la chiraquie, devient le porte-parole de Nicolas Sarkozy.

Un « carré dans un rond »

Au ministère de la santé à partir de 2005, où il prépare la France à la menace du virus H5N1 et impose l’interdiction du tabac dans les lieux publics, contre l’avis des conseillers de Jacques Chirac qui redoutent une mesure impopulaire, puis au travail, où il conduit les réformes emblématiques du quinquennat Sarkozy, il rode sa méthode : pragmatisme, disponibilité totale – il glisse son numéro de portable à ses interlocuteurs –, communication à tout va.

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