Matthieu Orphelin, porte-parole de Yannick Jadot et proche de Nicolas Hulot, mis « en retrait » de la campagne écologiste

Après les accusations de viol et d’agressions sexuelles qui visent Nicolas Hulot, l’un de ses proches, Matthieu Orphelin, pièce maîtresse de la campagne présidentielle des écologistes, a été écarté de son rôle de porte-parole du candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Yannick Jadot.

« Il a été décidé de mettre Matthieu Orphelin en retrait de ses responsabilités de porte-parole dans la campagne présidentielle écologiste. La sérénité nécessaire à l’exercice de ses fonctions n’est plus possible suite aux révélations d’Envoyé spécial », a expliqué le directeur de campagne EELV, Mounir Satouri, samedi 27 novembre, à l’Agence France-Presse (AFP).

Les témoignages à l’encontre de Nicolas Hulot alimentent « plein d’interrogations depuis quelques jours sur l’état de la réalité de ce que savaient les proches » de l’ancien animateur et ex-ministre, a précisé M. Satouri. C’est pourquoi il a été jugé « opportun de libérer [M. Orphelin] de cette responsabilité [de porte-parole] et le laisser libre de ses réponses et de sa communication », a-t-il dit.

« Je ne suis pas dupe »

Matthieu Orphelin, député de Maine-et-Loire, a dit avoir été informé par Yannick Jadot de sa « mise en retrait d’office » une heure avant que l’information soit rendue publique. Il a affirmé, dans un communiqué, prendre acte de cette décision « et du motif utilisé ».

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Mais il a clairement évoqué des « tensions internes ». « Je ne suis pas dupe », a-t-il ajouté, expliquant avoir « signifié à Yannick Jadot cette semaine » son souhait de « mettre fin » à ses fonctions « compte tenu des difficultés de la campagne et de [sa] non-adhésion à ses choix stratégiques ». Il regrette une « absence de mobilisation sur les jeunes, une absence de considération pour la dynamique de la primaire populaire ».

Concernant Nicolas Hulot, Matthieu Orphelin insiste : « Je redis que je n’ai jamais couvert le moindre agissement répréhensible et que mon soutien est entier pour ses victimes. »

Mobilisation au sein d’EELV

Au moins six femmes, dont l’une mineure au moment des faits, mettent en cause Nicolas Hulot, qui a longtemps été une des personnalités préférées des Français. Trois ont témoigné dans « Envoyé spécial » pour des faits qui auraient eu lieu entre 1989 et 2001, et qui sont donc aujourd’hui prescrits.

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L’enquête journalistique comprend aussi le témoignage de la militante écologiste Claire Nouvian, qui raconte avoir été mise en garde par l’entourage « politique » de Nicolas Hulot en 2008, avant le tournage d’un épisode de l’émission « Ushuaïa », à propos du comportement de l’animateur vis-à-vis des femmes. Elle n’a cependant cité personne nommément. L’investigation d’« Envoyé spécial » revient aussi sur la plainte pour viol déposée en 2008 par Pascale Mitterrand, petite-fille de l’ancien président, plainte classée sans suite, les faits étant prescrits.

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Vendredi, une ex-militante d’EELV, Pauline Lavaud, a dit sur BFM-TV avoir été écartée de la campagne de Nicolas Hulot pour la primaire interne du parti en 2011 parce qu’elle « l’excitait trop ». A la suite de ce témoignage, le collectif Pourvoir féministe a demandé des comptes, sur Twitter, à EELV, quant à « l’identité des personnes qui ont écarté Pauline Lavaud », et à Matthieu Orphelin, pour savoir s’il « ignorait » cela.

Au sein même d’EELV, la porte-parole pour l’Ile-de-France, Raphaëlle Rémy-Leleu, a affirmé, vendredi sur BFM-TV, croire « les femmes qui témoignent ». « Et, plus encore, je crois que les responsables politiques qui, en 2018 [lors des premières accusations] ont soutenu Nicolas Hulot sans sourciller, sans chercher à s’interroger sur la parole d’une victime, devraient être interrogées aujourd’hui sur leurs responsabilités », a-t-elle tancé.

Ouverture d’une enquête préliminaire

Le parquet de Paris a ouvert vendredi une enquête préliminaire après la diffusion de l’investigation retentissante de France 2 dans laquelle plusieurs femmes accusent Nicolas Hulot de viol et d’agressions sexuelles.

La veille, l’ancien ministre de la transition écologique d’Emmanuel Macron avait pris la parole pour tenter de déminer la situation. Il avait réfuté, sur BFM-TV, ces accusations, annonçant qu’il se retirait de la vie publique. « A partir de maintenant, je vis pour mes amis, pour ma famille. Je quitte mon engagement et je ne m’exprimerai plus. C’est trop lourd payé », a-t-il déclaré.

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Cette mise à l’écart de Matthieu Oprhelin, à moins de cinq mois de l’élection présidentielle, est un coup dur pour Yannick Jadot, qui reste sous les 10 % d’intentions de vote dans les sondages et ne parvient pas à prendre le large face à ses concurrents à gauche, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et Anne Hidalgo (Parti socialiste).

Samedi soir, il a réaffirmé, par la voix de Mounir Satouri, son « total soutien aux victimes » et salué « le courage extraordinaire des femmes qui ont témoigné ».

Le Monde avec AFP

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