Cette droite plutôt aisée, souvent retraitée, qui apprécie les idées d’Eric Zemmour mais ne votera pas pour lui
ReportageA Antibes, où François Fillon avait obtenu plus de 50 % au premier tour en 2017, sa candidature intéresse grandement. Mais le personnage, perçu au mieux comme un intellectuel, n’est pas considéré à la hauteur de la fonction présidentielle.
C’est une droite qui avait rêvé de l’élection de François Fillon en 2017. Un électorat âgé qui réclame de l’ordre, de la fermeté sur l’immigration, la fin de « l’assistanat » en matière sociale. Une droite plutôt aisée, souvent retraitée, parfois bourgeoise, qui apprécie franchement Eric Zemmour, l’écrivain jugé « érudit » et « cultivé », l’homme qui parle haut et fort, sans peur des « minorités » de toutes sortes, sans crainte des mots qui fâchent la gauche ou le monde intellectuel.
Mais une droite qui ne votera pas pour lui. Trop décevant. Trop énervé. Trop imprévisible. Trop limité. Pas à la hauteur de la fonction présidentielle. Comme si Eric Zemmour n’était en réalité qu’une hypothèse dont on parle dans les dîners, les apéritifs, les conversations de comptoir, jusqu’au moment où il devient effectivement candidat.
Dans certains bureaux de vote d’Antibes (Alpes-Maritimes), François Fillon avait obtenu plus de 50 % au premier tour de la présidentielle de 2017, loin devant l’extrême droite de Marine Le Pen (15 %) et distançant plus encore Emmanuel Macron. Une terre de conquête pour le journaliste devenu homme politique.
Sur le marché, dans les cafés, dans les ruelles du vieil Antibes, ville de 73 000 habitants traditionnellement à droite, le polémiste est respecté. Plus que cela même. On lui reconnaît du courage. On a acheté ses livres, on les a lus, on les a prêtés à ses amis, on a apprécié son récit de l’histoire de France, et peu importe que les historiens le critiquent. On a regardé ses émissions, on s’est réjoui de le voir malmener avec autant de fougue les élites politiques de droite et de gauche, jugées trop hautaines. Mais président de la République… Et même candidat, en réalité.
Un intellectuel, au mieux, un journaliste, au pire
Eric Zemmour pourra-t-il tenir jusqu’au printemps 2022 ? La crédibilité, voilà l’immense difficulté à laquelle est confronté le polémiste d’extrême droite. Ses idées radicales, son franc-parler, son usage de la liberté d’expression touchent incontestablement une droite conservatrice, ulcérée par l’élimination de François Fillon au premier tour de la présidentielle en 2017, convaincue que l’immigration est un sujet essentiel, convaincue aussi que Marine Le Pen est usée par l’accumulation des campagnes.
Mais Eric Zemmour reste perçu comme un intellectuel, au mieux, comme un journaliste, au pire. Emeline Véron, 68 ans, deux enfants, comptable à la retraite installée à Antibes une partie de l’année, 1 900 euros de pension mensuelle, a une formule pour se présenter : « Je suis née à droite. » Son mari, lui, est né à gauche – un de ces couples qui votent à l’opposé l’un de l’autre depuis très longtemps. Eric Zemmour ? « Il exprime des choses que les gens veulent entendre, explique-t-elle. En revanche, je ne le vois pas diriger la France. »
Il vous reste 80.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.