de polémiste à candidat, la difficile mue d’Eric Zemmour

Au lendemain de sa laborieuse visite à Marseille, la sentence a fusé : Eric Zemmour a raté sa présidentialisation, alors qu’il doit officialiser sa candidature au scrutin d’avril 2022 dans les tout prochains jours. « La mue de polémiste à candidat ne s’est pas faite », a asséné Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national (RN), dimanche dans l’émission « Le Grand Jury » RTL-LCI-Le Figaro. « Quand on souhaite être président de la République, il faut être capable de garder son calme, de maîtriser son “instinct” », a-t-elle enfoncé, en référence au doigt d’honneur d’Eric Zemmour, adressé à une Marseillaise et immortalisé par un photographe de l’Agence France-Presse.

Au premier jour de sa tournée, le 17 septembre à Toulon, l’auteur du Suicide français (2014, Albin Michel) proclamait sur scène : « Je pense pouvoir inoculer au peuple français ma volonté. » Mais à Marseille, il est apparu en retrait, voix éteinte, menton rentré dans l’écharpe et regard fuyant. Le contraste s’est accentué sous la gouaille de Stéphane Ravier, venu louer à ses côtés les « racines chrétiennes » de la France et les joies de la pétanque. En aparté, le sénateur RN des Bouches-du-Rhône s’étonne que Zemmour ait aussi mal organisé cette étape.

Après deux mois de précampagne médiatique et une dynamique sondagière qui le place entre Xavier Bertrand et Marine Le Pen, le polémiste d’extrême droite peut-il encore se raviser ? « Ah, voilà une grande question, presque métaphysique… », a-t-il lâché, samedi, avant de tourner les talons. Son entourage fait bonne figure. « On est prêts, nous », assure Olivier Ubéda, qui dirige ses événements. Eux, mais lui ? Chahuté, il n’a pas fait montre de l’envie de se lancer et sa déclaration sans cesse repoussée a instillé le doute.

« Pas de puissance physique »

La veille de cette virée, son ami et conseiller Paul-Marie Coûteaux confiait qu’il était « réticent à sauter le pas ». Dans une lettre, il l’a supplié la semaine dernière de « changer de peau ». « Souviens-toi des deux corps du roi », lui a-t-il maintes fois répété, en référence à cette théorie d’histoire médiévale sur l’incarnation de l’Etat. « Il faut passer du corps mortel au corps politique, faire cette mue, insiste le très réactionnaire directeur de la revue Le Nouveau Conservateur. Eric n’a pas l’onctuosité, la majesté naturelle. Son corps non politique est un problème. Il manque de distance, de componction, de magnanimité, ces vieilles vertus qui font un prince… Il a continué à faire du CNews. »

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