« Dans les commissions d’investiture des différentes forces politiques, on discute des femmes comme d’une niche fiscale ! »

Tribune. Il y a quelques jours, des femmes engagées en politique prenaient courageusement la plume pour témoigner des violences sexuelles dans ce milieu. Dans la foulée, plusieurs témoignages concordants mettaient en cause l’ancien ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot. Après cinq ans d’une vague sans précédent de libération de la parole des femmes, le monde politique aura tout fait pour éviter son propre examen de conscience.

Souvenons-nous comment Marlène Schiappa, alors secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, a systématiquement pris le parti des hommes de son camp mis en accusation. Si les responsables politiques aiment les déclarations de principe, dès que l’un des leurs est mis en cause, ce sont bien les réflexes d’autoprotection qui l’emportent. Malgré cela, le #metoopolitique s’est bel et bien enclenché.

Prenons garde cependant à ce que ce mouvement ne s’arrête pas à la reconnaissance du statut de victime pour les femmes. Le monde politique auquel nous aspirons n’est pas seulement celui où une femme ne risque pas d’être agressée, mais aussi celui dans lequel elle revendique un partage réel du pouvoir. Une récente étude de l’institut CSA [« Les Français et le genre », publiée en juillet] montre que, si les femmes dans leur ensemble sont très nombreuses à souffrir de la pression sociale qui les exhorte à être minces, jeunes et de bonnes mères, la génération des 18-24 ans est plus mécontente que celle de ses aînées sur le fait de devoir être douce, s’effacer ou se faire discrète. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que, traditionnellement, les femmes avaient intériorisé les attentes des hommes à leur égard. La nouvelle génération qui arrive s’attache pour sa part à prendre sa place dans la société. Ne la décevons pas.

Dans ce contexte, la campagne présidentielle ne pourra pas faire l’impasse sur cette demande légitime des femmes, non seulement à ne plus être victimes de violences, mais aussi à accéder à l’exercice du pouvoir. L’Assemblée nationale compte 38,7 % de femmes parlementaires, le Sénat 35 %, alors que les règles de la parité imposent aux partis d’investir 50 % de femmes candidates. C’est la preuve que des stratégies subsistent pour tenir les femmes éloignées des responsabilités et cela concerne tous les partis.

Misogynie décomplexée

Lors des dernières élections municipales à Paris, sur neuf arrondissements où la gauche était en majorité, elle a investi sept hommes en tête de liste. Et sur les huit arrondissements où elle se présentait après avoir été dans l’opposition, elle a investi sept femmes en tête de liste.

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