La force symbolique de l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker, « combattante de la liberté »

Elle sera la première femme noire à trouver sa place au Panthéon des « grands hommes ». Un symbole. Un geste politique, aussi. Joséphine Baker, née le 3 juin 1906 à Saint-Louis (Missouri), enfant misérable d’une Amérique ségrégationniste devenue star du music-hall et défenseuse de la France libre, fait partie de ces « combattantes et combattants de la liberté » auxquels le chef de l’Etat tient à rendre un hommage appuyé.

Meneuse de revue et résistante, incarnation de la frivolité parisienne autant que de la profondeur de l’âme, celle qui fut la mère adoptive de douze enfants issus du monde entier entrera, symboliquement, au Panthéon mardi 30 novembre.

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A cinq mois d’une élection présidentielle où le chef de l’Etat compte, s’il confirme sa candidature, incarner le camp de « l’espérance », quelle meilleure ambassadrice que cette femme partie de rien devenue vedette internationale et héroïne de guerre ? « Joséphine Baker, c’est une histoire personnelle, exemplaire, en ce qu’elle reflète ce que peut devenir un être humain lorsqu’il fait preuve de volonté et de détermination pour construire sa propre émancipation, et surtout, l’offrir en exemple au monde et aux autres. L’émancipation pour soi, l’émancipation pour les autres, en France et partout dans le monde », prend soin de souligner un conseiller de l’Elysée.

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Alors en campagne, l’ancien ministre de l’économie affirmait déjà en 2016, en citant Bernanos : « L’espérance, c’est le risque des risques, et c’est ce que nous allons faire. » Cinq ans plus tard, dans une France tentée par les « passions tristes », mêlant défaitisme et déclinisme, Joséphine Baker matérialise les vertus de ceux et celles qui refusent la capitulation. Après avoir honoré Simone Veil, européenne convaincue et emblème du féminisme dans le tombeau laïque, la femme noire offre à Emmanuel Macron l’occasion de consacrer l’audace.

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Naturalisée en 1937, lors de son mariage, libertaire et gaulliste, croix de guerre et médaille de la Résistance, l’artiste populaire, incarnation de la lutte intersectionnelle avant l’heure, est aussi un levier d’apaisement. Le moment d’union et de communion nationale capable de faire taire les aigreurs et les petites haines, pense-t-on à l’Elysée.

Figure consensuelle s’il en est, cette beauté au sang mêlé a déjà privé d’arguments ceux qui, aujourd’hui, rejettent en bloc tout ce que peut apporter l’immigré. A l’extrême droite, personne n’a encore osé s’attaquer à celle qui fut décorée par Jacques Chaban-Delmas en 1957 et affirmait qu’il n’est d’autres races que la race humaine.

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