« Nul ne sait à quel stade s’arrêtera la mue idéologique de LR ni à qui elle profitera »

Une partie du brouillard qui entoure l’élection présidentielle d’avril 2022 est en passe de se dissiper. On devrait connaître dans quelques jours le nom du candidat qui défendra les couleurs du parti Les Républicains (LR). On devrait aussi savoir si le polémiste Eric Zemmour parvient à concrétiser sa volonté de fonder un parti et de se porter candidat à la magistrature suprême en dépit d’évidentes fragilités psychiques et organisationnelles. Au congrès de LR prévu du 1er au 4 décembre répond le rassemblement du Zénith à Paris annoncé pour le 5 décembre par les proches du journaliste.

De la précampagne qui s’achève, trois remarques peuvent être tirées : LR a occupé le terrain tout au long du mois de novembre et a réussi à multiplier par deux le nombre de ses adhérents. Le parti peine cependant à faire émerger un champion. A ce stade, aucun des prétendants se considérant comme les mieux placés – Xavier Bertrand, Michel Barnier, Valérie Pécresse – n’est en mesure de se qualifier pour le second tour de la présidentielle.

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L’étroitesse des thèmes qui ont alimenté les débats télévisés de la primaire fermée (sécurité, immigration, identité), le ton unanimement alarmiste des cinq candidats, y compris la plus chiraquienne d’entre eux Valérie Pécresse, montrent à quel point la droite républicaine s’est, en quatre ans, rétrécie et radicalisée du fait de la double concurrence d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen.

Qu’il paraît loin, le thème de « l’identité heureuse » développé en 2016 par Alain Juppé ! L’ancien premier ministre faisait alors figure de grand favori, il semble aujourd’hui appartenir à l’histoire. Tout ce qu’il y avait de positif dans son message a été absorbé par l’actuel président de la République, avec la complicité active des juppéistes, laissant LR en compétition directe avec l’extrême droite sur les thèmes du rejet de l’étranger, de la France aux Français et d’une méfiance viscérale à l’égard de l’islam.

Un accélérateur de radicalisation

Dans ce contexte, le surgissement d’Eric Zemmour, qui s’est donné pour mission de casser les cloisons entre la droite et l’extrême droite, a joué comme un accélérateur de radicalisation, sans que l’on sache à qui profitera in fine le travail de démolition qu’il a entrepris à coups de transgressions et de provocations mal calibrées. Il peut bien devenir la victime de ses propres excès, le poison a été distillé. Tout concourt aujourd’hui à vider l’ancien parti chiraquien de son substrat modéré et européen pour le transformer en un parti de droite identitaire et nationaliste.

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