Justin Trudeau se débarrasse d’une poursuite en diffamation

Le premier ministre Justin Trudeau s’est débarrassé d’une poursuite en diffamation de 90 000 $ intentée par une Québécoise qui l’avait apostrophé sur « ses immigrants illégaux » du Chemin Roxham lors d’un rassemblement politique en 2018.

La juge Michèle Monast de la Cour supérieure a décidé qu’elle n’avait même pas besoin de procès : elle a rejeté l’action de Diane Blain sans autre délai, la qualifiant de « manifestement mal fondée » mais aussi d’« abusive » .

La femme qui avait alors 74 ans s’était présentée à un rassemblement politique libéral ayant eu lieu à Sainte-Anne-de-Sabrevois en août 2018 dans le but de le confronter et d’exprimer son désaccord avec ses positions, notamment en matière d’immigration.

Sur place, elle l’a interrompu à plusieurs reprises dès le début de son discours et l’empêche de parler.

« Je veux savoir quand vous allez nous remettre les 146 millions $ qu’on a payés pour vos immigrants illégaux », a-t-elle lancé. À l’époque, beaucoup de demandeurs d’asile franchissaient une petite route de terre appelée « chemin Roxham » afin de demander le statut de réfugié au pays. Le gouvernement fédéral et celui du Québec ne s’entendaient alors pas sur qui devrait payer leurs frais d’accueil.

Interpellé à répétition, Justin Trudeau lui a répliqué : « Madame, cette intolérance par rapport aux immigrants, ça n’a pas sa place au Canada, cette intolérance par rapport à la diversité, vous n’avez pas votre place ici », entre autres choses, dont : « Votre racisme n’a pas sa place ici. »

« M. Trudeau, êtes-vous tolérant avec les Québécois de souche ? », l’a-t-elle relancé.

Elle continue malgré tout de l’invectiver alors qu’il va à la rencontre de ses partisans et lorsqu’elle se fait retenir par le bras par GRC qui assure la sécurité du premier ministre, elle dira qu’elle a été malmenée et même blessée par les policiers. Elle a pris soin de s’assurer que tout était filmé, écrit la juge dans sa décision.

Elle a décidé de poursuivre le premier ministre pour atteinte à sa dignité et à sa réputation et fait aussi valoir que sa liberté d’expression a été brimée, tout comme son droit d’être traitée « sans discrimination ». Selon elle, ses propos la traitant de raciste et d’intolérante sont des insultes.

La juge n’est pas tendre envers la dame : il n’y a pas de preuve que M. Trudeau ait commis une faute, écrit-elle, pas plus qu’il n’y a de preuve que Mme Blain ait subi un préjudice. Elle n’accorde pas foi à son témoignage « rempli de contradictions, d’exagérations et d’invraisemblances ».

Mme la juge Monast tranche que la femme s’est présentée à ce rassemblement dans le but de le perturber, accompagnée d’autres personnes avec lesquelles elle partage « l’idéologie nationaliste d’extrême droite ».

Son manque de civilité, son ton agressif, son attitude hostile montrent qu’elle cherchait à le provoquer et non pas à simplement lui poser des questions comme elle le soutient.

« Il est possible que les remarques de M. Trudeau aient froissé l’amour-propre de Mme Blain, mais ce n’est pas suffisant pour les qualifier de diffamatoires ».

Selon la juge, il n’a pas porté à la réputation de la femme qui s’en est elle-même chargée avec son attitude et les propos qu’elle a tenus. En mettant l’accent sur les immigrants et les « Québécois de souche », elle a laissé entendre qu’il y avait deux catégories de Québécois et une hiérarchie qui les sépare, ajoute la juge.

« Le tribunal a non seulement le pouvoir, mais le devoir de mettre fin à cette affaire. »

Mme Blain dispose d’un délai d’appel de 30 jours.

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