La rédaction de Franceinfo.fr en grève le jour du débat des Républicains

Le mouvement ne risque pas de passer inaperçu. Du moins aux yeux de la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte. La rédaction de Franceinfo.fr a prévu de se mettre en grève mardi 30 novembre. Le mouvement, dont le préavis a été déposé le 24 novembre, devrait être fortement suivi. Lundi 29 novembre, la rédaction s’est déjà opposée à 96 % à un protocole d’accord proposé par la direction. La date n’a pas été choisie au hasard : mardi, France 2 diffusera en « prime time » le dernier débat des Républicains avant le vote en congrès le 4 décembre.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés L’audiovisuel public, un enjeu démocratique au cœur de la présidentielle

Or, la rédaction de Franceinfo.fr doit participer à l’animation et à la mise en valeur de cette émission politique, coanimée pour la première fois par le directeur de l’information de France Télévisions Laurent Guimier. Ce dernier vient remplacer Thomas Sotto, qui s’est mis en retrait en raison de sa relation avec l’une des conseillères de Jean Castex. Interrogée, la direction de France Télévisions ne souhaite pas faire de commentaires.

Conditions de travail

Le dispositif d’accompagnement prévu pour l’émission, qui prévoyait l’intervention en direct d’experts sur le numérique, un live, et la publication d’extraits sur le Web, devrait être fortement perturbé, même si les journalistes de Radio France, qui alimentent également le site Franceinfo.fr assureront une partie du suivi. Officiellement, la jeune rédaction de France Télévisions − la moyenne d’âge y est d’une trentaine d’années contre 49 ans à France Télévisions − proteste contre la suppression potentielle de deux postes − un départ en retraite, et la non-titularisation d’un journaliste vidéo.

En réalité, elle s’insurge plus largement contre ses conditions de travail. « Alors qu’on est déjà très fatigués en raison du Covid, parce qu’on nous en demande toujours plus, et qu’on est déjà à flux tendu, cette nouvelle a fait l’effet d’une bombe, indique un membre de la Société des journalistes (SDJ). Non seulement, nous ne voulons pas de réduction d’effectifs, mais nous demandons au moins deux embauches. »

« C’est un bras de fer inattendu avec Delphine Ernotte, qui montre qu’ils sont très en colère » Antoine Chuzeville, du Syndicat national des journalistes

Même si le mouvement n’affectera pas l’antenne en tant que telle, il tombe mal pour la présidente Delphine Ernotte, qui loue en toute occasion la réussite numérique de Franceinfo.fr, alors que les audiences de la chaîne d’information éponyme peine à décoller. « Il y a une inadéquation entre les ambitions de la plateforme et les bouts de ficelles dont on dispose », poursuit la SDJ. « Cette rédaction a très envie de bosser. Ses journalistes ont toujours été considérés comme les bons élèves de France Télévisions. C’est un bras de fer inattendu avec Delphine Ernotte, qui montre qu’ils sont très en colère », analyse Antoine Chuzeville, du Syndicat national des journalistes (SNJ), qui précise aussi qu’à ancienneté égale ces journalistes sont « moins bien payés » que dans les autres rédactions de la télévision publique.

Il vous reste 24.28% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.