La FAGE, école du terrain pour les futurs responsables politiques

Il existe en France une grande école dont la formation des élites n’est pas le cœur de métier. Elle apprend la gestion, le management, la négociation, la lutte d’influences, et est présente sur tous les campus du territoire : il s’agit du syndicalisme étudiant. L’Union nationale des étudiants de France (UNEF), premier syndicat étudiant jusqu’en 2016, a longtemps été le terrain d’apprentissage de nombreuses personnalités du Parti socialiste (Jean-Christophe Cambadélis, Christophe Borgel, Julien Dray, Benoît Hamon, Olivier Faure…). Désormais, c’est le réseau de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), ayant détrôné l’UNEF, qui suscite l’intérêt des partis politiques, notamment du PS. Ils y voient un nouveau vivier de profils à fort potentiel.

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En sept ans, Orlane François a gravi un à un les échelons. Elue localement à la FAGE pendant sa licence de sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) à l’université de Lorraine, elle a obtenu la présidence du réseau en 2018, pour un mandat de deux ans. Un tremplin : elle est aujourd’hui secrétaire nationale du Parti socialiste chargée de l’apprentissage et de la formation professionnelle, et l’une des porte-parole de la maire de Paris, Anne Hidalgo, pour la campagne présidentielle.

Un ralliement qui a laissé parfois un goût amer aux élus de la FAGE. « Nous sommes apartisans », affirme, un peu agacé, un membre du bureau. Mais les étudiants militants de la FAGE doublent souvent leur engagement en prenant leur carte dans un parti, dans un large spectre qui va de La France insoumise à La République en marche.

« On apprend à oser »

« Le milieu associatif étudiant est une bonne école de la politique, témoigne Bérangère Poncet, qui a présidé l’Association générale des étudiants de Paris (AGEP), une association rattachée à la FAGE, de 2019 à 2021. On apprend à mener des projets, localement avec les collectivités territoriales ou au niveau national avec le gouvernement. » Les anciens leaders de la FAGE que nous avons interrogés reconnaissent avoir vécu une autoformation intensive. « En quelques années d’engagement, j’ai grandi de dix années d’expérience », témoigne Orlane François.

« On acquiert un cerveau plastique, poursuit Alexandre Leroy, président de la FAGE de 2014 à 2016. On apprend à prendre en main des dossiers très techniques sur des sujets éloignés de nos compétences initiales. Il faut manager les équipes de bénévoles et les salariés. Nous sommes aussi vite confrontés à des environnements nouveaux, dont il faut maîtriser les codes. On apprend à oser. » Les mandats de ces leaders étudiants imposent une forte médiatisation et par ricochet, leur réseau personnel s’enrichit d’acteurs économiques, institutionnels et politiques. « C’est un réseau émancipateur », résume Bérangère Poncet. Qu’ils conserveront après leur mandat.

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