Suède: Andersson réélue première ministre cinq jours après son fiasco parlementaire

STOCKHOLM | Après une rocambolesque élection-démission en l’espace de sept heures la semaine dernière, la cheffe des sociaux-démocrates suédois Magdalena Andersson a été réélue première ministre lundi par le Parlement et va pouvoir devenir officiellement la première femme à occuper le poste dans le pays.

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Jusqu’ici ministre des Finances, Magdalena Andersson a été élue par les députés avec 173 voix contre, 101 voix pour et 75 abstentions, dans un vote aux airs de déjà vu. En Suède, un gouvernement est approuvé tant qu’une majorité absolue de 175 députés ne vote pas sa censure.

Sauf improbable nouvelle surprise, l’élection clôt le feuilleton de la transition du pouvoir social-démocrate provoquée par le départ du premier ministre Stefan Löfven, qui avait passé la main au début du mois après sept ans au pouvoir et à moins d’un an des législatives de septembre 2022.

La présentation de son gouvernement au roi Carl XVI Gustaf, qui marque officiellement sa prise de fonctions, est attendue mardi.

Au terme d’une journée mouvementée mercredi dernier, Magdalena Andersson avait d’abord été élue première ministre, puis battue par le même Parlement sur son budget par l’opposition de droite, et enfin contrainte de démissionner après le départ surprise des écologistes du gouvernement.

Bien qu’élue l’espace de sept heures, elle n’était pas officiellement entrée en fonction.

«C’était un grand jour mercredi dernier, et c’était un grand jour aujourd’hui», a déclaré la nouvelle Première ministre. «Cette fois-ci j’étais peut-être davantage préparée à être émue», a-t-elle ironisé lors d’une conférence de presse.

Du fait du départ du parti des Verts, l’économiste et ancienne nageuse de haut niveau de 54 ans va diriger un gouvernement entièrement social-démocrate.

«Elle sera désormais à la tête d’un gouvernement à parti unique. Donc, plus de surprises. Plus de crise, du moins pour l’instant», a déclaré à l’AFP Anders Sannerstedt, professeur de sciences politiques à l’université de Lund, pour qui l’épisode a été une «situation historique».

Bien qu’habitué aux complexités de son parlementarisme et confronté depuis 2018 à des rapports de force extrêmement compliqués au Riksdag, le pays nordique n’avait jamais vécu un tel scénario. 

Le président de la chambre chargé de piloter le processus de transition, Andreas Norlén, avait fait part de ses «regrets» devant l’image donnée au peuple suédois.

Les écologistes se sont abstenus ce lundi, réduisant encore les voix en faveur de la nouvelle Première ministre. Contrairement à la semaine dernière, où Magdalena Andersson était passée à une voix près, une députée du parti des Libéraux (centre droit) s’est abstenue, réduisant de 174 à 173 les voix contre.

Élections serrées en vue

Malgré son statut affiché de nation féministe, jamais depuis la création du poste en 1876 la Suède n’avait eu de femme première ministre, contrairement à tous les autres pays nordiques (Danemark, Finlande, Norvège, Islande).

En dépit des turpitudes de mercredi dernier, la réélection de Magdalena Andersson ne faisait pas de doute, les trois partis indispensables à son arrivée au pouvoir ayant fait savoir qu’ils permettraient à nouveau son élection.

La succession à la tête de la Suède intervient à moins d’un an des législatives de septembre 2022, qui s’annoncent serrées.

Autour de 25 % dans les sondages, le parti social-démocrate garde son rang de première formation politique de Suède, mais est proche de ses planchers historiques.

Il devra contrer son grand rival, le parti conservateur des modérés mené par Ulf Kristersson, dans une nouvelle configuration. 

Ce dernier s’est rapproché de l’extrême droite des démocrates de Suède, dirigé par Jimmie Åkesson, et est désormais prêt à gouverner avec son appui au Parlement, un bouleversement majeur sur la scène politique suédoise.

C’est la victoire du budget de la droite, préparé pour la première fois avec les SD, qui avait entraîné le départ des Verts et donc la démission de Mme Andersson. 

Pour les écologistes, il était impensable de gouverner en étant soumis à une loi de finances portant le sceau de l’extrême droite.

A la tribune avant le vote lundi, le dirigeant des Modérés Ulf Kristersson a souligné la fragilité de la première ministre.

Le Parlement a investi «un gouvernement intérimaire de neuf mois qui n’a pas de mandat pour gouverner», a-t-il lancé. «Un seul mandat de plus et la Suède aura un changement de gouvernement», a souligné l’élu conservateur, disant avoir «hâte d’être le jour des élections».

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