entre Bolsonaro et Lula, la droite tente une « troisième voie »

La droite brésilienne aurait-elle enfin trouvé son champion ? Samedi 27 novembre, le gouverneur de l’Etat de Sao Paulo, Joao Doria, a remporté la primaire du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB). Vainqueur sur le fil, au terme d’un processus chaotique, il devrait néanmoins représenter les couleurs de la formation lors de l’élection présidentielle de 2022.

C’est dire si l’affaire était mal emmanchée: la primaire des « toucans » (surnom des membres du parti) aurait dû être achevée dès le 21 novembre. Mais une panne de l’application de vote (probablement liée à une attaque de hackeurs) a empêché la majorité des inscrits de valider leur choix. Après d’âpres débats, le scrutin avait dû être ajourné d’une semaine.

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Alors que le pays avait, samedi, les yeux rivés sur la finale de la Copa Libertadores (la compétition annuelle des meilleurs clubs de football du continent sud-américain, remportée 2-1 par Palmeiras sur Flamengo), la primaire n’a pas rassemblé les foules. A peine 30 000 électeurs ont pris part au scrutin, remporté de peu par Joao Doria avec 53,99 % des voix sur ses deux adversaires, Eduardo Leite, actuel gouverneur du Rio Grande do Sul (44,66 %) et Arthur Virgilio Neto, ex-maire de Manaus (1,35 %).

Personnalité controversée

Dans son discours de victoire, Joao Doria s’est voulu rassembleur. « Personne ne fait rien seul. Nous aurons besoin de l’aide de tous. De l’union du Brésil. De l’union du PSDB. De l’union des autres leaders et partis. Des cœurs et des esprits pour le Brésil. Allons de l’avant ! », a-t-il lancé samedi, en qualifiant la primaire de « belle, courageuse » et en annonçant l’avènement d’un « nouveau Brésil. »

La tâche s’annonce ardue. A 63 ans, le gouverneur de Sao Paulo demeure une personnalité controversée. Homme d’affaires riche à millions au sourire éclatant et aux cheveux gominés, ce dernier a des airs de « Berlusconi tropical » et incarne comme aucun l’arrogance de la région la plus riche du pays. Joao Doria, qui a placé ses hommes à la tête du PSDB dès 2019, a déporté très à droite, sur une ligne sécuritaire et ultralibérale, cette formation, qui avait pourtant ses racines au centre gauche et qui a gouverné le Brésil de 1995 à 2003, sous les deux mandats du président Fernando Henrique Cardoso.

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Joao Doria a cependant su utiliser la pandémie de Covid-19 pour adoucir son image. Une bonne partie l’opinion lui reconnaît un mérite : celui d’avoir permis l’importation et la production au Brésil du vaccin chinois CoronaVac, grâce à un partenariat noué entre la firme Sinovac et l’Institut Butantan, équivalent local de Pasteur, placé sous l’autorité de l’Etat de Sao Paulo. Appliqué dès le 17 janvier, l’immunisant fut durant des mois le seul disponible à grande échelle dans le pays.

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