Les ambitions européennes de la coalition allemande

Dans le couple franco-allemand, Emmanuel Macron était jusqu’ici l’élément moteur en matière d’ambition européenne. Avec le départ d’Angela Merkel et l’arrivée au pouvoir de la coalition « feu tricolore », dirigée par le social-démocrate Olaf Scholz (SPD), la donne pourrait changer. L’accord de gouvernement auquel sont parvenus le SPD, les Verts et les libéraux (FDP), mercredi 24 novembre, déploie en effet un projet très ambitieux pour une Europe plus fédéraliste que ne l’a jamais imaginée le président français. Et, hasard des calendriers, il est publié au moment où la campagne pour l’élection présidentielle s’intensifie en France.

« C’est un peu la réponse allemande au discours de la Sorbonne [du 26 septembre 2017]. Les Allemands vont même plus loin dans leur ambition d’intégration européenne que Macron. Ils sont plus royalistes que le roi », s’amuse Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques-Delors. Avant d’ajouter : « Sur le fond, cet accord est l’assurance qu’il y aura matière à discuter avec l’Allemagne. » De fait, nombre d’éléments qui y figurent font écho à certains des thèmes que porte le président français. Et même s’il faut plus qu’une entente entre Paris et Berlin pour faire avancer les dossiers à Bruxelles, celle-ci reste une condition sine qua non.

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Alors que Mme Merkel ne s’est jamais montrée très enthousiaste au sujet de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, promue par M. Macron, M. Scholz et ses alliés veulent au contraire la mettre au service de leurs ambitions européennes. A leurs yeux, celle-ci doit être « mise à profit pour engager des réformes », y compris si cela implique de « modifier les traités », afin de « conduire à l’évolution de l’Union européenne [UE] vers un Etat fédéral européen ».

La coalition propose la création d’un véritable « ministre européen des affaires étrangères » et l’adoption de votes à la majorité qualifiée et non plus à l’unanimité pour les sujets relatifs aux affaires étrangères. A l’été 2020, les Vingt-Sept n’avaient pas réussi à s’entendre sur des sanctions contre la Biélorussie, car Chypre avait mis son veto, exigeant que des mesures fermes soient également décidées contre Ankara. A la tête de la diplomatie allemande, Heiko Maas (SPD) était déjà favorable à une majorité qualifiée en matière de politique étrangère. Mais il était assez isolé. « A part la Belgique et le Luxembourg, peut-être être l’Espagne et l’Italie, personne ne le soutenait vraiment. La France se dit ouverte, mais dès qu’il s’agit de prendre position, on ne l’entend plus », confie une source européenne.

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