Santé: le temps de penser autrement?

Avez-vous lu notre reportage d’aujourd’hui sur la pénurie de personnel hospitalier ?

« On voit des gens dépérir sous nos yeux », dit une infirmière.

Elle ne parle pas de patients, mais de collègues.

Argent ?

Il n’y a jamais eu autant d’infirmières en congé de maladie.

Si on additionne tous les motifs d’être en congé (maladie, maternité, etc.), c’est près d’une sur cinq qui n’est pas au travail.

La prime de 15 000 $ pour faire du temps plein ne fonctionne pas tellement les conditions sont pénibles.

Les infirmières font penser à ces films sur la Première Guerre mondiale où l’on cherche des volontaires pour aller couper les barbelés ennemis avec des pinces sous la mitraille.

On comprend pourquoi le gouvernement n’a pu imposer la vaccination obligatoire au personnel de la santé sous peine de sanctions.

Il aurait accru une pénurie déjà intenable.

Pourtant, le nombre d’employés dans le réseau n’a jamais été aussi élevé.

Je parie que ce sont les postes de cadres, superviseurs, coordonnateurs, etc. qui ont explosé.

Malgré tout, les gens se disent satisfaits des soins reçus, ce qui en dit long sur le dévouement du personnel.

Que faire ?

Bien sûr, mieux gérer, mieux mesurer, desserrer les rigidités, etc. Croyez-moi, c’est plus facile à dire qu’à faire.

Injecter encore plus d’argent ?

Comprenons d’abord que l’augmentation de la population et le vieillissement accéléré entraînent mécaniquement une augmentation du nombre d’épisodes de soins et de maladies chroniques.

Chez nous, dans l’état actuel des choses, si de l’argent frais tombait du ciel, tous, dans le système, se battraient pour se l’approprier… et on devine qui seraient les gagnants.

Voyez le stupéfiant « rattrapage » salarial effectué par nos médecins spécialistes, passés en peu d’années des derniers rangs au Canada aux tout premiers.

Par ailleurs, dépenser plus d’argent public signifie taxer davantage ou couper ailleurs ou refiler la facture d’un endettement accru aux jeunes.

Inutile de faire croire que l’on peut éviter ce dilemme.

N’oublions pas aussi que les provinces ont des pouvoirs limités parce que soumises à une loi fédérale qui peut leur couper le financement d’Ottawa si elles dérogent à l’évangile.

Dès lors, si on ne veut pas de nouvelles taxes ou des coupures ailleurs, le financement additionnel ne peut venir que des poches de ceux qui en ont les moyens.

Privé

C’est l’explosive question du rôle accru du secteur privé. On n’en sort pas. Il n’y a pas de machine à imprimer de l’argent au gouvernement.

Il vaut mieux, me semble-t-il, faire face à la réalité de l’émergence rapide du privé, y voir une source d’oxygène bienvenue, et l’encadrer correctement, plutôt que de le nier et de le laisser proliférer anarchiquement.

Mais imaginez le courage politique que cela demanderait.

Il faudrait une vraie bataille avec Ottawa pour desserrer l’étau de la loi fédérale.

La population suivrait-elle le gouvernement du Québec ? En a-t-il lui-même envie ?

Rien n’est moins sûr en ce moment. Pendant ce temps, la chaloupe se remplit et s’enfonce.

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