La défense de Ghislaine Maxwell, accusée de trafic sexuel de mineures, accable d’emblée les plaignantes

C’était en 1994 : la jeune Jane avait 14 ans. Elle participait à un camp d’été en Floride, discutait avec des amis à une table de pique-nique, quand elle fut abordée par un homme et une femme, lui la quarantaine, elle la trentaine. Ils lui parlèrent de lui financer une bourse d’études et à la fin de la conversation, Jane leur laissa son numéro de téléphone. « Ce fut le début d’un cauchemar qui allait durer quatre ans. Ce que Jane ne savait pas, c’est qu’il s’agissait de prédateurs sexuels », expliqua lundi 29 septembre, la vice-procureure fédérale de Manhattan, Lara Pomerantz.

Le véritable patronyme de Jane n’a pas été révélé, mais il s’agit d’une des victimes présumée de Jeffrey Epstein, le prédateur sexuel de mineures retrouvé suicidé à New York dans sa cellule à l’été 2019, et de sa compagne Ghislaine Maxwell, 59 ans. Accusée d’avoir été la rabatteuse de son amant devenu « partenaire de crime », la fille du magnat Robert Maxwell est jugée depuis lundi par un tribunal fédéral de Manhattan. Emprisonnée à New York depuis l’été 2020, elle n’a jamais été libérée sous caution, sa triple nationalité (américaine, française et britannique) accroissant les risques de fuite. Elle encourt soixante-dix ans de prison au terme d’un procès qui devrait durer six semaines.

« L’accusée faisait du trafic sexuel de mineures », accusa la vice-procureure Pomerantz dans son propos liminaire, expliquant que le couple ciblait des jeunes filles élevées seules par leur mère, en difficulté financière, et qui croyaient que la rencontre avec Epstein allait leur permettre de réaliser leurs rêves. « L’accusée était décisive dans ce schéma », selon Lara Pomerantz, puisque Ghislaine Maxwell « recrutait » les filles, les « manipulait » en parlant sexe et en leur faisant trouver normal ce qui allait leur arriver, les préparant pour l’agression sexuelle ou le viol qu’elles allaient subir dans la prétendue salle de « massage », en y participant parfois.

« Jane avait 14 ans. Elle était une enfant »

« Elle savait exactement ce qu’elle faisait. Elle était dangereuse. Elle préparait des jeunes filles à être agressées par un prédateur », a résumé l’accusation. « Jane avait 14 ans. Elle était une enfant », alors que les deux accusés avaient le double de son âge. « Et Jane n’était pas seule », a poursuivi la procureure Pomerantz, détaillant le destin de trois autres plaignantes, dont la dernière fut recrutée par une jeune femme embrigadée par le couple, Virginie Giuffre. Aujourd’hui âgée de 38 ans, elle est à l’origine des premières révélations du scandale Epstein mais elle n’est pas partie prenante du procès.

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